Comme toutes les fêtes religieuses, le Kâvadi puise son origine dans une fort ancienne légende. Celle-ci met en vedette un certain Idumban (l’Orgueilleux) à qui son guru, le célèbre sage Agattiyâr, demanda de se rendre au mont Kaïlash et d’en rapporter les sommets de deux montagnes voisines. C’est ce que fit Idumban, accompagné de sa femme. Il attacha les deux sommets aux extrémités d’une palanche (kâvadi) et se mit en route. Le dieu voulut le récompenser pour sa foi et sa force spirituelles, manifestées par l’exploit accompli, mais les circonstances furent telles que la rencontre tourna mal et Idumban y laissa la vie. Sur la prière de ses proches, il fut toutefois ressuscité par le dieu apaisé, qui proclama alors que ceux qui porteraient le kâvadi jusqu'à son temple obtiendraient sa grâce. On peut voir là, notamment, une parabole rappelant combien est difficile la voie de la spiritualité, au bout de laquelle toutefois celui qui sait ne pas renoncer obtient la récompense suprême.
A la Réunion, la Fête des Dix Jours est célébrée à des dates différentes, par exemple en janvier ou février à Saint-André et Saint-Louis, en avril ou mai à Saint-Pierre, en août-septembre à Saint-Denis... La célébration débute en principe par l’érection d’un poteau (naktal) près du temple, signe d’entrée dans un temps sacré, tandis que le dieu Muruga est montré au public dans un pandel. Chacun pourra ainsi recevoir son darshan.
A la Réunion, la Fête des Dix Jours est célébrée à des dates différentes, par exemple en janvier ou février à Saint-André et Saint-Louis, en avril ou mai à Saint-Pierre, en août-septembre à Saint-Denis... La célébration débute en principe par l’érection d’un poteau (naktal) près du temple, signe d’entrée dans un temps sacré, tandis que le dieu Muruga est montré au public dans un pandel. Chacun pourra ainsi recevoir son darshan.
Suivront, dans les jours à venir, plusieurs rituels tels que des purifications répétées, la montée du drapeau, l’attache du cordon safrané au poignet des fidèles prenant part à la "pénitence", à celui du prêtre, aux représentations divines et aux objets du culte... Quarante-deux koumbam, symbolisant chacun une divinité, seront confectionnés et installés de façon à dessiner un lingam ; le prêtre procédera à une pûjâ pour chacun d’eux, avec une attention toute particulière pour le koumbam de Muruga (récitation de 1008 mantras, ouverture du troisième œil par application d’un pottu fait à partir des cendres du foyer sacré...). Tous les jours a lieu également une procession autour du temple, dont le but est de faire royalement circuler la statue de bronze de Muruga et de ses deux épouses parmi les simples mortels. De nouvelles offrandes sont faites, de noix de coco, d’eau safranée, de lumière.
Le moment le plus connu du Kâvadi, le plus spectaculaire aussi, est sans contexte le déroulement du dixième jour. Près de l’eau purificatrice d’une rivière ou de la mer sous le regard de la statue divine placée dans le thêr, qui est un véritable petit temple mobile autant qu'un char processionnel, les pénitents se font implanter sur le corps un nombre consacré d’aiguilles en forme de Vel. Je citerai ici l’excellente brochure de l’Association Siva Soupramanien de Saint-André, Le Cavadee - Mythologie et Rituel : "L’implantation des aiguilles d’argent matérialise le vœu de silence ; elle symbolise la victoire du bien sur le mal. D’autre part, il est dit que les rayons du soleil sur l’argent ont des actions bénéfiques sur le corps humain, les aiguilles favorisant la circulation de l’énergie solaire en ce dernier."
Le moment le plus connu du Kâvadi, le plus spectaculaire aussi, est sans contexte le déroulement du dixième jour. Près de l’eau purificatrice d’une rivière ou de la mer sous le regard de la statue divine placée dans le thêr, qui est un véritable petit temple mobile autant qu'un char processionnel, les pénitents se font implanter sur le corps un nombre consacré d’aiguilles en forme de Vel. Je citerai ici l’excellente brochure de l’Association Siva Soupramanien de Saint-André, Le Cavadee - Mythologie et Rituel : "L’implantation des aiguilles d’argent matérialise le vœu de silence ; elle symbolise la victoire du bien sur le mal. D’autre part, il est dit que les rayons du soleil sur l’argent ont des actions bénéfiques sur le corps humain, les aiguilles favorisant la circulation de l’énergie solaire en ce dernier."
L’imposante procession des pénitents, chargés du kâvadi sur l’épaule, pieds nus sur le bitume à peine rafraîchi par quelques aspersions d’eau, se dirige vers le temple. Des fidèles placés sur le parcours, parmi les nombreux curieux, procèdent à des offrandes à Muruga. Elles serviront pour le dernier rituel, au cors duquel des lampes allumées sont présentées au dieu, dont la puissance a alors atteint son point culminant. Chacun est satisfait : qui d’avoir réalisé sa "promès", qui d’avoir reçu un peu de la bénédiction divine, par exemple sous la forme du lait contenu dans les sembou portés par les pénitents... Le lendemain, le drapeau est redescendu et l’on honore Idumban. Le cycle est achevé.