Un militant culturel de la première heure
Né d'un père cafre- tamoul, à la fois commandeur sur l'exploitation des Villèle et pusari (prêtre et guérisseur) clandestin, fils d'une créole yab Ismelda Morel qui est devenue sa mère, ainé de 14 enfants, le jeune daniel a connu la misère et en est resté un "écorché-vif" hypersensible et réactif à tout ce qui ressemble à l'esclavage, à l'engagisme et aux humiliations vécues par les siens.
Ses 4 fils
Il a milité depuis plus de 40 ans et milite toujours pour la reconnaissance d'un "jour de l'an tamoul à la Réunion" organisant ainsi à Villèle une soirée culturelle où il y a de la musique et où toutes les ethnies de l'île sont invitées. Ainsi y organise t'il des danses, des chants et des extraits de "bal tamoul"...considérant cette occasion comme un partage culturel où le maloya trouve sa place...
De même la fête du vingt décembre,date de l'abolition de l'esclavage est pour lui l'occasion de se rappeler notre histoire et les souffrances des ancêtres.
Un fervent militant religieux
Dès son plus jeune âge, il a fréquenté les bancs du catéchisme et a même pensé un temps devenir prêtre chrétien. Pourtant c'est l'accompagnement aux rituels et cérémonies discrètement menées par son père qui l'ont finalement amené à l'hindouisme. C'est naturellement qu'il a été amené à fréquenter Cousin Baptiste, Pierre Mounichy dit "Grand Manicon"- Armand Camtchy et "Ti Francis" son futur beau père. C'est en les fréquentant assidument qu'il a appris les secrets, rites aspects philosophiques et religieux nécessaires à la fonction de pusari.( prêtre malbar). Il monte la "Sapèl la Mizer" en 1968;
C'est lui qui lance une des premières "marches sur le feu" à Villèle, aujourd'hui encore une des plus belles de l'île. Il a officié comme pusari su bon nombre de cérémonies Pandyalé de l'ile, cérémonie qu'il considère comme un acte de foi. *
Il est le garant d'une religion populaire, héritée des ancêtres, non exempte d'un contenu révolutionnaire visant à lutter contre toutes les oppressions.
Ainsi, s'oppose t'il à certains brahmanes venue de l'Inde qui ont tendance à dénigrer les pratiques ancestrales et traditionnelles, et dont les ascendants ont "vendu ses ancêtres aux propriétaires terriens de la Réunion"
Un militant politique autonomiste
Très sensible aux injustices et aux oppressions, Daniel Singainy s'est tout naturellement tourné vers le parti communiste réunionnais dans lequel il a longtemps milité aux côtés de Laurent Vergès, tant que celui-ci affichait un désir d'autonomie de l'île.
Aujourd'hui ses coups de coeur vont vers Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, personnages éminents de l'histoire qui ont milité pacifiquement pour "redonner à leur peuple le goût de la dignité à travers l'émancipation"
Né d'un père cafre- tamoul, à la fois commandeur sur l'exploitation des Villèle et pusari (prêtre et guérisseur) clandestin, fils d'une créole yab Ismelda Morel qui est devenue sa mère, ainé de 14 enfants, le jeune daniel a connu la misère et en est resté un "écorché-vif" hypersensible et réactif à tout ce qui ressemble à l'esclavage, à l'engagisme et aux humiliations vécues par les siens.
Ses 4 fils
Il a milité depuis plus de 40 ans et milite toujours pour la reconnaissance d'un "jour de l'an tamoul à la Réunion" organisant ainsi à Villèle une soirée culturelle où il y a de la musique et où toutes les ethnies de l'île sont invitées. Ainsi y organise t'il des danses, des chants et des extraits de "bal tamoul"...considérant cette occasion comme un partage culturel où le maloya trouve sa place...
De même la fête du vingt décembre,date de l'abolition de l'esclavage est pour lui l'occasion de se rappeler notre histoire et les souffrances des ancêtres.
Un fervent militant religieux
Dès son plus jeune âge, il a fréquenté les bancs du catéchisme et a même pensé un temps devenir prêtre chrétien. Pourtant c'est l'accompagnement aux rituels et cérémonies discrètement menées par son père qui l'ont finalement amené à l'hindouisme. C'est naturellement qu'il a été amené à fréquenter Cousin Baptiste, Pierre Mounichy dit "Grand Manicon"- Armand Camtchy et "Ti Francis" son futur beau père. C'est en les fréquentant assidument qu'il a appris les secrets, rites aspects philosophiques et religieux nécessaires à la fonction de pusari.( prêtre malbar). Il monte la "Sapèl la Mizer" en 1968;
C'est lui qui lance une des premières "marches sur le feu" à Villèle, aujourd'hui encore une des plus belles de l'île. Il a officié comme pusari su bon nombre de cérémonies Pandyalé de l'ile, cérémonie qu'il considère comme un acte de foi. *
Il est le garant d'une religion populaire, héritée des ancêtres, non exempte d'un contenu révolutionnaire visant à lutter contre toutes les oppressions.
Ainsi, s'oppose t'il à certains brahmanes venue de l'Inde qui ont tendance à dénigrer les pratiques ancestrales et traditionnelles, et dont les ascendants ont "vendu ses ancêtres aux propriétaires terriens de la Réunion"
Un militant politique autonomiste
Très sensible aux injustices et aux oppressions, Daniel Singainy s'est tout naturellement tourné vers le parti communiste réunionnais dans lequel il a longtemps milité aux côtés de Laurent Vergès, tant que celui-ci affichait un désir d'autonomie de l'île.
Aujourd'hui ses coups de coeur vont vers Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, personnages éminents de l'histoire qui ont milité pacifiquement pour "redonner à leur peuple le goût de la dignité à travers l'émancipation"
Un fidèle militant de la culture tamoule et du parti communiste. Autant admiré que décrié. A 67 ans, il publie son quatrième livre. Un ouvrage éponyme, mélange de confession et de réflexions sur la religion, la politique, l’avenir de la Réunion. L’autobiographie d’un combattant “qui tire sur la fin”, écrit-il dans sa conclusion, mais qui appelle ses descendants à regarder “devant”.
En quelques pages, Daniel Saingaïny relate son passé de misère, ses blessures familiales, son engagement pour la reconnaissance de la culture tamoule, son admiration pour Ghandi, sa foi en Dieu, son combat politique au service du PCR, contre la droite, pour l’autonomie, ses expériences ratées en politique, les discriminations et attaques dont il a fait l’objet, et révèle même l’existence d’un sixième enfant, né hors mariage. L’homme parle sans fard, fidèle à une réputation assumée de grande gueule. En 1968, c’est lui qui a osé défier la famille de Villèle, en érigeant “la sapèl la mizèr”, premier temple hindou de Villèle. Ce même temple de la discorde, qui lui vaudra, 10 ans plus tard, d’être condamné par la justice pour construction sans permis, avant d’être finalement gracié lors de l’élection de François Mitterrand en 1981.
“IL FAUT PREPARER L’INDEPENDANCE”
Une anecdote symbole, à l’image d’un homme qui a constamment appelé à la résistance, à la lutte “contre l’injustice coloniale”, pour l’indépendance de la Réunion, dans le sillage du parti communiste de son mentor Paul Vergès.
50 ans après la départementalisation, et malgré les récents déboires électoraux du PCR, Daniel Singaïny conserve intactes ses convictions “nationalistes” : “Oui, la Réunion doit devenir indépendante, dit-il. Pas tout de suite, d’ici 20 ans, mais l’histoire fait son chemin, et cette île ne pourra pas rester éternellement sous le joug des colons. Aujourd’hui, la jeunesse réunionnaise est formée, elle est capable de sortir des jupes de la France. Il faut préparer l’indépendance sous peine de révolte sociale”.
Même discours de rupture sur le plan cultuel. Le poussari qui officié dans treize temples de l’île continue de défendre “une pratique campagnarde et populaire”, où “les brahmanes (prêtre indiens) n’ont pas leur place”. Au passage, s’il se félicite de “la bonne image” de la communauté tamoule réunionnaise - “la deuxième religion de l’île, devant et non pas derrière les musulmans”. Daniel Singaïny appelle à davantage de respect vis-à-vis des marches sur le feu. “Les touristes ont trop tendance à considérer les cérémonies comme des spectacles”, déplore-t-il.
A 67 ans, l’homme espère voire aboutir deux rêves : “Que la sapèl la mizèr devienne un monument historique, et que la Réunion soit libérée du joug colonialiste. Je ne serai sans doute plus là quand ça arrivera, mais j’espère, au nom de tous les camarades qui ont bataillé pour ça, que ça sera le cas un jour”
En quelques pages, Daniel Saingaïny relate son passé de misère, ses blessures familiales, son engagement pour la reconnaissance de la culture tamoule, son admiration pour Ghandi, sa foi en Dieu, son combat politique au service du PCR, contre la droite, pour l’autonomie, ses expériences ratées en politique, les discriminations et attaques dont il a fait l’objet, et révèle même l’existence d’un sixième enfant, né hors mariage. L’homme parle sans fard, fidèle à une réputation assumée de grande gueule. En 1968, c’est lui qui a osé défier la famille de Villèle, en érigeant “la sapèl la mizèr”, premier temple hindou de Villèle. Ce même temple de la discorde, qui lui vaudra, 10 ans plus tard, d’être condamné par la justice pour construction sans permis, avant d’être finalement gracié lors de l’élection de François Mitterrand en 1981.
“IL FAUT PREPARER L’INDEPENDANCE”
Une anecdote symbole, à l’image d’un homme qui a constamment appelé à la résistance, à la lutte “contre l’injustice coloniale”, pour l’indépendance de la Réunion, dans le sillage du parti communiste de son mentor Paul Vergès.
50 ans après la départementalisation, et malgré les récents déboires électoraux du PCR, Daniel Singaïny conserve intactes ses convictions “nationalistes” : “Oui, la Réunion doit devenir indépendante, dit-il. Pas tout de suite, d’ici 20 ans, mais l’histoire fait son chemin, et cette île ne pourra pas rester éternellement sous le joug des colons. Aujourd’hui, la jeunesse réunionnaise est formée, elle est capable de sortir des jupes de la France. Il faut préparer l’indépendance sous peine de révolte sociale”.
Même discours de rupture sur le plan cultuel. Le poussari qui officié dans treize temples de l’île continue de défendre “une pratique campagnarde et populaire”, où “les brahmanes (prêtre indiens) n’ont pas leur place”. Au passage, s’il se félicite de “la bonne image” de la communauté tamoule réunionnaise - “la deuxième religion de l’île, devant et non pas derrière les musulmans”. Daniel Singaïny appelle à davantage de respect vis-à-vis des marches sur le feu. “Les touristes ont trop tendance à considérer les cérémonies comme des spectacles”, déplore-t-il.
A 67 ans, l’homme espère voire aboutir deux rêves : “Que la sapèl la mizèr devienne un monument historique, et que la Réunion soit libérée du joug colonialiste. Je ne serai sans doute plus là quand ça arrivera, mais j’espère, au nom de tous les camarades qui ont bataillé pour ça, que ça sera le cas un jour”