TEMPLE PAJANY MALEI DE LA RAVINE-CREUSE

C’est un temple tamoul flambant neuf, mais déjà chargé d’histoire, à la Ravine ­Creuse, à Saint-­André. Plus précisément au 31 chemin de la Balance, en face du magasin Gamm Vert. Ce kovil dédié à Siva Soupramaniya, baptisé TAI POUSSAM PAJANY MALEI KOVIL.


Photo : Jayendra Mardaye.
André Petiaye Cadivel est encore ému aux larmes quand il raconte l’histoire de ce temple construit par son père Marimoutou Petiaye Cadivel en 1959 et inauguré le 22 janvier 1962 : "Situé au bord de la rivière du Mât au lieu dit l’Évêque, ce temple est très apprécié par les fidèles qui venaient des quatre coins de l’île. Il faut savoir que plusieurs miracles et guérison s’y sont produits. 

Au décès de notre père, sa famille a décidé de prendre la relève. Les gens continuaient à affluer davantage : ils venaient par bus entiers pour y prier. Même des personnes qui venaient de l’étranger et qui ne pratiquaient pas la religion tamoule y ont été guéries". 

Mais compte tenu de sa situation, le domaine du temple était fragilisé au fil du temps et au gré des cyclones. A chaque crue, la rivière du Mât emportait petit à petit la cuisine, une partie du hangar, la citerne. Puis arriva ce jour fatidique du 4 février 2007 : le kovil s’est effondré, balayé par la rivière à son tour. "Tout a été emporté sauf les statues des trois divinités Ganesh, Mourouga et Vishnou. Ça aussi c’est un miracle !", sourit André Petiaye Cadivel qui, avec son fils Djéyom Magaladjen, a risqué sa vie pour aller chercher les statues sous les décombres du temple. Malgré la disparition du kovil, les fidèles continuaient à fréquenter l’endroit et y organiser des cérémonies jusqu’à aujourd’hui. Dès 2008, les Petiaye Cadivel ont décidé de reconstruire un temple presque à l’identique de l’ancien "tourné vers la montagne". Le rêve de la famille et de l’association Taï Poussam Pajany Maleï s’est aujourd’hui réalisé, au bout de cinq ans de travail acharné et de quelque 200 000 euros d’investissement financés par leurs fonds propres (90 %) et par les dons (10 %). Une huitaine d’artisans réunionnais ­ et pas un seul Indien comme dans la plupart des temples de l’île ­ ont contribué à l’édification du bâtiment. Petiaye Cadivel père et fils ont réalisé la peinture aux couleurs chatoyantes et les magnifiques fresques à l’intérieur, à l’extérieur, ainsi que sur les murs de clôture du temple et ses dépendances. 

"Chaque ligne, chaque courbe, chaque détail, chaque dessin a une signification particulière", notent les deux talentueux artistes qui ont aussi réalisé la quinzaine de statues de divinités qui peupleront le nouveau lieu de prière. 

A noter qu’André Petiaye Cadivel est un artisan connu et reconnu dans toute la Réunion grâce à ses sculptures. Son fils assure la relève. 

Photo : Jayendra Mardaye.