Ce pilier pèse plus de 6 tonnes et a été érigé par le Râja Kumaragupta de la dynastie des Gupta pendant son règne de 415 à 455 après J.C et à l'origine, tout en haut se trouvait un symbole de Vishnou, qui a été retiré lors de l'islamisation du site. Ce n'est pas le seul pilier métallique découvert en Inde, mais c'est le seul à avoir été exposé aux mêmes conditions climatiques et à y avoir complètement résisté malgré ses 1600 ans. Les seules traces des ans visibles consistent en une fine poussière de rouille quasiment imperceptible qui la recouvre entièrement.
Bien sûr, c'est au niveau de la métallurgie que le mystère est le plus visible en ce qui concerne ce pilier. Encore récemment, plusieurs spécialistes ont soutenu qu'aucune découverte archéologique ne prouvait l'existence de fonderie antique assez puissante pour pouvoir en sortir une pièce métallique de cette taille avant le 19ème siècle. Le problème a été détourné en imaginant (mais sans preuve formelle car il faudrait détériorer le pilier) que le pilier n'avait pas été forgé d'un seul tenant, mais en plusieurs morceaux de fer forgé martelé à chaud et assemblés grâce à la soudure par gorgeage. Notons que cette méthode très efficace (vu les résultats) n'est plus utilisée de nos jours (on préfère l'obsolescence programmée de nos jours plutôt que les choses durent et soient vraiment "rentables" pour le possesseur, provisoire ou non...).
Ce type de fabrication aurait créé, d'après certains métallurgistes, une couche de protection, composée d'oxyde et de scories, formée sur l'ensemble de la surface du métal en liaison avec la forte chaleur associée au martèlement. Mais pour d'autres, cette solidité et résistance serait essentiellement dûe à sa composition, différente du fer moderne. Le métal contiendrait davantage de phosphores et moins de manganèse par exemple. D'autres pensaient que le déplacement du pilier dans une atmosphère relativement sèche et exempte de pollution comme celle de la capitale indienne aurait suffit à protéger le pilier de la rouille.
En effet, le pilier n'a pas été érigé à Delhi à l'origine. D'après le professeur Balasubramaniam, le pilier se trouvait probablement à Udaygiri ou Vishnupadagri dans le Madhya Pradesh, en Inde centrale, avant de rejoindre son emplacement actuel. Les historiens indiens pensent que, conformément à l'inscription en pāḷi qu'il porte, il était surmonté par un symbole de Vishnou, un chakra probablement, qui fut retiré par les envahisseurs musulmans. Le pilier aurait été ensuite installé à Delhi par Ânand Pâl, le fondateur de la dynastie râjpute des Tomara en 1052.
C'est l'archéologue britannique Alexander Cunningham, qui fait analyser en premier le pilier dans les années 1870 par des métallurgistes qui démontrent que le fer est pur à 99.72%, une qualité obtenue uniquement (jusqu'alors) en Occident au 19ème siècle, mais qui semble donc courante dès le 4ième siècle en Inde donc ! Ce qui n'explique pas non plus d'ailleurs son apparente anti-corrosion.
Il faudra attendre 2002 et les nouvelles analyses de l'Institut indien de Technologie de Kanpur et R. Balasubramaniam pour avoir l'explication, qui révèle tout de même des techniques et connaissances métallurgiques des peuples anciens insoupçonnées... et supérieures aux nôtres dans certains domaines !
Les spécialistes ont découvert qu'une très fine couche d'un composé de fer, d'oxygène et d'hydrogène (δ-FeOOH), appelé "misawite" dans la publication anglaise, protégeait très efficacement le pilier de la rouille. D'après eux, cette couche a pris forme dans les trois années qui suivirent l'érection du pilier et a gagné très lentement en épaisseur pour atteindre de nos jours celle d'un vingtième de millimètre. Dans Current Science, la conclusion est que ce film protecteur s'est formé de façon catalytique grâce à la haute teneur de phosphore dans le fer, jusqu'à 1% au lieu des 0.5% trouvable dans le fer moderne. Et que cela pourrait être volontaire dans la mesure où cela ne peut être que le résultat du travail des artisans indiens de cette période qui pouvaient fabriquer de l'acier en une seule étape en mélangeant le minerai de fer avec du charbon de bois, préservant ainsi une partie du phosphore, qui n'est pas totalement évacué avec les scories impures. Les haut-fourneaux modernes utilisent du coke à la place du charbon de bois, et de la pierre à chaux pour évacuer les impuretés, dont le phosphore, vers les scories...
Affirmant que le pilier est « un témoignage vivant de la compétence des métallurgistes de l'Inde antique », Balasubramaniam ajoute que le travail de son équipe sur la formation du film protecteur qui protège le pilier pourrait conduire à améliorer la résistance à la corrosion à long terme des conteneurs destinés au stockage des déchets nucléaires.
On trouve un pilier comparable à Dhâr dans le Madhya Pradesh, ainsi qu'un autre beaucoup moins connu dans le temple de Mookambika à Kollur, dans la zone forestière des Kodachadri Hills, situé dans les Ghâts occidentaux au Karnataka. On peut leur rapprocher aussi les tirants métalliques que les ingénieurs indiens avaient prévus pour assurer la cohérence de l'édifice lorsqu'ils construisirent au milieu du XIIIe siècle l'énorme temple de Sûrya à Konarak, un bâtiment à la limite de leur capacité technique et qui n'est pas parvenu parfaitement conservé jusqu'à nous. Dans le dernier cas, ces objets métalliques subissent des contraintes météorologiques plus importantes que le pilier de Delhi, car ils sont exposés en permanence à l'air marin du golfe du Bengale, sur les bords duquel est construit le temple.