Béatrice, Dimitri, Bertrand, Ludwig, Benoît et Jérome ont entamé hier leur pélerinage d’une semaine.
Benoît Philippe ne conçoit pas de débuter l'année autrement. Moment fort dans la vie des fidèles, le Cavadee lui donne les forces pour « continuer à avancer ». Aujourd'hui âgé de 50 ans, il n'a quasiment raté aucune procession dans les rues de Saint-André depuis qu'il a 6 ans (sauf deuil familial). Depuis quelques années, il a ressenti le besoin d'aller plus loin. De pousser plus en avant son pèlerinage en remettant au goût du jour une pratiqué initiée par certains fidèles dans les années 80 : effectuer un pèlerinage autour de l'île. Une épreuve physique quand on sait que le Cavadee - autel en bois décoré en l'honneur de Mourouga - pèse en moyenne entre 15 et 20 kilos. Ce à quoi il faut rajouter le poids du sac contenant le minimum pour se laver ou se soigner dans la semaine. Les devôts doivent également affronter la chaleur et bien souvent la pluie sans oublier le trafic.
Ils sont six à avoir pris hier le départ du temple de Petit Bazar peu après 7h à l'issue des premières cérémonies de la fête des dix jours. Elle se terminera dimanche prochain par le grand Cavadee depuis les berges de la rivière du Mât jusqu'au temple de l'avenue Ile de France. Avec la concordance des vacances scolaires, Benoît - par ailleurs vice-président du temple - estime possible d'atteindre les 900 pénitents cette année (notre édition du 12/01). Les pèlerins seront de retour vendredi dans l'Est après leur périple de 210 km. Ils ne rentreront pas pour autant chez eux mais se rendront directement sur le site d'où sera donné le départ du Cavadee pour lequel ils se transperceront le corps d'aiguilles (Vel).
DES ENCOURAGEMENTS ET DES... INSULTES
Si Bertrand, 35 ans, continue d'honorer une promesse faite à Mourouga (c'est son 8ème pèlerinage), tous sont venus éprouver leur foi. « C'est une façon de montrer notre dévotion », souligne Jérôme. Du haut de ses 30 ans, il participe chaque année au Cavadee de Saint-André depuis qu'il a trois ans ! Les pèlerins voient également dans leur marche une façon de se retrouver avec soi-même. Le pèlerinage devient alors une sorte de quête spirituelle. « Un moment pour réfléchir, se retrouver avec soimême », témoigne Benoît, grand habitué de l'exercice. Bertrand résume ce que chacun à en tête : « Ca donne du sens à la vie ». Un exercice d'humilité face à la douleur et aux éléments dont chacun ressortira avec un « mental plus fort ».
De sérieux liens d'amitiés se seront également tissés au fil des kilomètres et des étapes. Chaque soir, les pèlerins sont hébergés dans un temple où chez un particulier. Il était un peu plus de 16h quand ils ont fait leur entrée à Sainte-Rose hier direction le temple. Chaque jour, les pèlerins marcheront en moyenne une trentaine de km. Tronçon le plus compliqué, celui entre Saint- Paul et Sainte-Denis, route du littoral oblige. Si de nombreux automobilistes encouragent les pénitents ou s'arrêtent parfois pour discuter ou leur offrir un verre d'eau ou un fruit, d'autres n'hésitent pas à... insulter les pèlerins. « Malheureusement ça arrive, c'est comme ça » regrette Benoît. Ils sont heureusement une minorité. Le Saint-Andréen s'impose également un seul repas par jour, le soir à l'issue de l'étape. En mars, il s'envolera pour faire des repérages et concrétiser l'un de ses rêves : réaliser un pèlerinage en Inde lors d'un prochain Cavadee.