Dans le titre de cette pétition, nous ne nous amuserons pas à pointer du doigt le « votre île » qui sous-entend la volonté d’éduquer un peuple insulaire sauvage, ni le « fête de Tamoul » qui n’a pas de sens.
Malgré la colère suscitée par l’objet de ce texte polémique, l’évocation sur le ton de la confidence de potentiels sacrifices humains par le passé a du en faire sourire plus d’un tant il est grossier de s’imaginer une pareille chose. Même si le sourire a du être fugace.
Cette fameuse pétition décrie le sacrifice animal lors de certaines cérémonies données par les malbars. Imaginer le cabri, quelqu’un lui tenant la tête d’un côté, quelqu’un d’autre tenant son corps et une troisième personne levant le sabre au-dessus de son cou, le lui tranchant d’un coup sec, le sang giclant…Quelle horreur, s’offusquent presque 60 000 signataires : il s’agit de cruauté envers les animaux. Beaucoup arguent que l’abattage des animaux doit se faire dans des abattoirs et pas ailleurs, dans le respect des animaux. Ces pratiques sacrificielles seraient de plus incompatibles avec notre époque où nous devrions nous comporter en personnes évoluées et non en barbares.
Parlons donc, de respect, d’évolution et de barbarie. Si les pratiques sacrificielles n’existaient plus cela signifierait que les viandes consommées proviendraient uniquement des élevages. Devons-nous donc rappeler à ces gens les conditions de vie des bêtes d’élevage ? Ces êtres que l’on fait naître pour la consommation, que l’on fait vivre ou plutôt que l’on engraisse dans des espaces confinés ? Ces êtres qui parfois même jamais ne verront la lumière du soleil ? Devons-nous également leur expliquer comment ils sont nourris, de quoi sont faites ces nourritures industrielles ? Puisque les choses ne semblent pas évidentes à tous, livrons-nous donc à un rapide exposé sur le sujet. Prenons comme référence le rapport numéro 131 du Sénat de la session ordinaire de 1996-1997, afin d’être bien sûr de ne pas nous laisser influencer de quelconque manière que ce soit par des sources ayant parti pris. Nous pourrons également nous référer, pour les plus pointilleux, au Code rural et de la pêche maritime – et plus précisément à la partie réglementaire, livre II, titre II, chapitre IV, section 1. Après l’abattage des bêtes, le « cinquième quartier » – tout ce qui n’est pas directement consommable comme le sang, les os, les cuirs etc. – est recyclé. On utilise certains de ces éléments pour fabriquer des farines animales qui serviront à l’alimentation des bêtes d’élevage. Depuis 1990 et l’épidémie de la vache folle, seuls les bovins n’en consomment plus. En effet, les bovins, des animaux herbivores étaient forcés au cannibalisme car nourris avec des farines d’origine bovines ! Et c’étaient les vaches qui étaient qualifiées de folles ? Le lien direct fut par la suite établi entre cette pratique et l’apparition de la maladie. L’usage de farines animales dans le régime alimentaire des bovins n’a été proscrit et aboli que lorsque des cas de transmission de la maladie à l’homme sont apparus. C’est ainsi que les caprins et ovins sont eux toujours consommateurs de farines animales…
Refermons cette parenthèse sur ces nourritures industrielles et poursuivons notre périple vers les abattoirs. Il va sans dire que dans une société où tout est médiatisé nul ne peut ignorer que les animaux y sont tués à la chaîne, saignés alors qu’ils ne sont pas toujours tout à fait inconscients. Les gens qui sont partis à l’école doivent aussi savoir que le stress mène à l’apparition de toxines dans le sang. Lorsqu’un animal entend les cris de ses congénères, lorsque assommé il est suspendu par les pattes ou coincé entre des plaques de métal, peut-on décemment s’imaginer qu’il n’éprouve aucun stress ? Cette chair consommée n’est-elle pas bouffie de toxines ? Surtout que les cadavres ne sont pas toujours correctement vidés de leur sang et que le sang véhicule les toxines ? Nous pourrions aussi ajouter que l’anesthésie réalisée chez les porcins par exemple se fait au gaz carbonique – vous savez, ce gaz que rejettent nos voitures et qui détruisent peu à peu la couche d’ozone ? – qui sature alors le corps de l’animal, provoquant un grand stress avant son inconscience – si toutefois celle-ci vient.
Est-ce donc ça, ce beau respect de l’animal qu’ils souhaiteraient que les malbars observent ? C’est vrai que cela n’a rien à voir avec la cruauté de nos pratiques sacrificielles.
Chez nous, le sacrifice n’a pas de but lucratif et ne constitue pas une partie de plaisir – ce n’est pas une corrida où l’animal meurt à petit feu sous les acclamations d’un public déchaîné. Les animaux sont effectivement abattus d’un seul coup de sabre, limitant ainsi sa souffrance – et nous devrions préférer les saignées des abattoirs sur des animaux à demi-conscients ? Ce que les signataires de cette pétition ignorent sans doute, c’est que les propriétaires des bêtes menées au sacrifice prennent grand soin d’elles. Elles vivent dans de grands espaces sans être attachées, sont nourries avec des produits sains et ne subissent pas de maltraitance. Les cabris sont baignés et le jour du sacrifice, tout le monde peut attester de leur état et personne n’oserait présenter une bête qui aurait mauvaise mine.Lors du sacrifice en lui-même, l’animal, que ce soit le cabri ou le coq, est sur la terre et après avoir été décapité, son sang doit couler directement sur cette terre. Toute autre pratique serait contraire au principe du sacrifice rituel chez les malbars qui ne consomment pas le sang : la chair est pour l’homme, le sang pour la terre.
La mort n’est jamais une belle chose mais le malbar n’est pas hypocrite : s’il veut manger de la viande, alors il doit être capable de l’assumer et de regarder l’animal mourir. Il ne se donne pas bonne conscience : âmes sensibles, ne mangez pas de viande, plutôt que vous abstenir de regarder et ensuite manger délicatement le produit de cette barbarie. C’est vrai qu’elle est plus propre que le sabre sanglant, cette monnaie qui sert à commettre par procuration d’« inqualifiables actes de cruauté » – pas gratuite mais payante, plutôt, chez le boucher ou au supermarché –, sans avoir à affronter de scènes « si profondément barbares » que l’abattage d’une bête dans les conditions idylliques d’un abattoir aux normes européennes.
Beaucoup de ces signataires se proclament protecteurs des animaux mais… en excluant évidemment ceux qui font partie de leur régime alimentaire. D’autres sont défenseurs des animaux tout court et savent faire la part des choses : les animaux d’élevages méritent autant leur protection que leurs compagnons à quatre pattes. Ils sont ainsi végétariens, végétaliens ou vegans. Ils bichonnent leurs animaux de compagnie, leurs chats, leurs chiens, ils leur donnent de la bonne nourriture adaptée à leur âge, leur race… Mais de quelle origine est cette bonne nourriture ? J’ai pour ma part rarement vu de chat ou de chien non carnivore ! Il faut cependant avouer que sous son joli petit emballage on en oublie la souffrance animale qui ’y cache. Et la monnaie est encore une fois tellement plus propre que le sabre du malbar.
Après ces « atroces sacrifices animaux lors de la dite Fête de Tamoul » tout le monde participe à la préparation du repas. Celui-ci sera partagé avec tout ceux qui le souhaitent, le pauvre, le riche, le pratiquant, le non-pratiquant, le SDF du coin, le patron de l’entreprise d’à côté… N’importe qui est libre de venir et on ne lui demande aucune contre-partie. Votre identité, le montant de votre compte en banque, le nombre de voitures dans votre garage ni même le nombre d’années que vous avez passées à tenter de survivre dans la rue n’entre en considération. C’est avec joie que le malbar servira d’abord les autres, il donnera même de la nourriture dans des barquettes à ceux qui le veulent avant de manger lui-même et il s’agit là de l’exercice le plus épuré du dharma – « le devoir de la pratique de l’amour accompli dans l’amour » – qui s’apparente à de la charité mais vis-à-vis de n’importe qui, pas que des nécessiteux. À table, tous sont égaux. Les gens n’y sont pas répartis selon de quelconques catégories : ils s’assoient là où il y a de la place et rencontrent ainsi de nouvelles personnes. C’est dans une grande convivialité et fraternité que se déroule ce repas.
Voyez-vous, mesdames et messieurs les détracteurs, autour de cette table sont réunies les valeurs de la République. Nous qui mériterions « 2 ans de prison et 30 000€ d’amende » ainsi que votre mépris le plus profond – qui semble d’ailleurs déjà acquis –, nous vivons réellement et sans artifice ces valeurs : liberté, égalité, fraternité.
Malgré la colère suscitée par l’objet de ce texte polémique, l’évocation sur le ton de la confidence de potentiels sacrifices humains par le passé a du en faire sourire plus d’un tant il est grossier de s’imaginer une pareille chose. Même si le sourire a du être fugace.
Cette fameuse pétition décrie le sacrifice animal lors de certaines cérémonies données par les malbars. Imaginer le cabri, quelqu’un lui tenant la tête d’un côté, quelqu’un d’autre tenant son corps et une troisième personne levant le sabre au-dessus de son cou, le lui tranchant d’un coup sec, le sang giclant…Quelle horreur, s’offusquent presque 60 000 signataires : il s’agit de cruauté envers les animaux. Beaucoup arguent que l’abattage des animaux doit se faire dans des abattoirs et pas ailleurs, dans le respect des animaux. Ces pratiques sacrificielles seraient de plus incompatibles avec notre époque où nous devrions nous comporter en personnes évoluées et non en barbares.
Parlons donc, de respect, d’évolution et de barbarie. Si les pratiques sacrificielles n’existaient plus cela signifierait que les viandes consommées proviendraient uniquement des élevages. Devons-nous donc rappeler à ces gens les conditions de vie des bêtes d’élevage ? Ces êtres que l’on fait naître pour la consommation, que l’on fait vivre ou plutôt que l’on engraisse dans des espaces confinés ? Ces êtres qui parfois même jamais ne verront la lumière du soleil ? Devons-nous également leur expliquer comment ils sont nourris, de quoi sont faites ces nourritures industrielles ? Puisque les choses ne semblent pas évidentes à tous, livrons-nous donc à un rapide exposé sur le sujet. Prenons comme référence le rapport numéro 131 du Sénat de la session ordinaire de 1996-1997, afin d’être bien sûr de ne pas nous laisser influencer de quelconque manière que ce soit par des sources ayant parti pris. Nous pourrons également nous référer, pour les plus pointilleux, au Code rural et de la pêche maritime – et plus précisément à la partie réglementaire, livre II, titre II, chapitre IV, section 1. Après l’abattage des bêtes, le « cinquième quartier » – tout ce qui n’est pas directement consommable comme le sang, les os, les cuirs etc. – est recyclé. On utilise certains de ces éléments pour fabriquer des farines animales qui serviront à l’alimentation des bêtes d’élevage. Depuis 1990 et l’épidémie de la vache folle, seuls les bovins n’en consomment plus. En effet, les bovins, des animaux herbivores étaient forcés au cannibalisme car nourris avec des farines d’origine bovines ! Et c’étaient les vaches qui étaient qualifiées de folles ? Le lien direct fut par la suite établi entre cette pratique et l’apparition de la maladie. L’usage de farines animales dans le régime alimentaire des bovins n’a été proscrit et aboli que lorsque des cas de transmission de la maladie à l’homme sont apparus. C’est ainsi que les caprins et ovins sont eux toujours consommateurs de farines animales…
Refermons cette parenthèse sur ces nourritures industrielles et poursuivons notre périple vers les abattoirs. Il va sans dire que dans une société où tout est médiatisé nul ne peut ignorer que les animaux y sont tués à la chaîne, saignés alors qu’ils ne sont pas toujours tout à fait inconscients. Les gens qui sont partis à l’école doivent aussi savoir que le stress mène à l’apparition de toxines dans le sang. Lorsqu’un animal entend les cris de ses congénères, lorsque assommé il est suspendu par les pattes ou coincé entre des plaques de métal, peut-on décemment s’imaginer qu’il n’éprouve aucun stress ? Cette chair consommée n’est-elle pas bouffie de toxines ? Surtout que les cadavres ne sont pas toujours correctement vidés de leur sang et que le sang véhicule les toxines ? Nous pourrions aussi ajouter que l’anesthésie réalisée chez les porcins par exemple se fait au gaz carbonique – vous savez, ce gaz que rejettent nos voitures et qui détruisent peu à peu la couche d’ozone ? – qui sature alors le corps de l’animal, provoquant un grand stress avant son inconscience – si toutefois celle-ci vient.
Est-ce donc ça, ce beau respect de l’animal qu’ils souhaiteraient que les malbars observent ? C’est vrai que cela n’a rien à voir avec la cruauté de nos pratiques sacrificielles.
Chez nous, le sacrifice n’a pas de but lucratif et ne constitue pas une partie de plaisir – ce n’est pas une corrida où l’animal meurt à petit feu sous les acclamations d’un public déchaîné. Les animaux sont effectivement abattus d’un seul coup de sabre, limitant ainsi sa souffrance – et nous devrions préférer les saignées des abattoirs sur des animaux à demi-conscients ? Ce que les signataires de cette pétition ignorent sans doute, c’est que les propriétaires des bêtes menées au sacrifice prennent grand soin d’elles. Elles vivent dans de grands espaces sans être attachées, sont nourries avec des produits sains et ne subissent pas de maltraitance. Les cabris sont baignés et le jour du sacrifice, tout le monde peut attester de leur état et personne n’oserait présenter une bête qui aurait mauvaise mine.Lors du sacrifice en lui-même, l’animal, que ce soit le cabri ou le coq, est sur la terre et après avoir été décapité, son sang doit couler directement sur cette terre. Toute autre pratique serait contraire au principe du sacrifice rituel chez les malbars qui ne consomment pas le sang : la chair est pour l’homme, le sang pour la terre.
La mort n’est jamais une belle chose mais le malbar n’est pas hypocrite : s’il veut manger de la viande, alors il doit être capable de l’assumer et de regarder l’animal mourir. Il ne se donne pas bonne conscience : âmes sensibles, ne mangez pas de viande, plutôt que vous abstenir de regarder et ensuite manger délicatement le produit de cette barbarie. C’est vrai qu’elle est plus propre que le sabre sanglant, cette monnaie qui sert à commettre par procuration d’« inqualifiables actes de cruauté » – pas gratuite mais payante, plutôt, chez le boucher ou au supermarché –, sans avoir à affronter de scènes « si profondément barbares » que l’abattage d’une bête dans les conditions idylliques d’un abattoir aux normes européennes.
Beaucoup de ces signataires se proclament protecteurs des animaux mais… en excluant évidemment ceux qui font partie de leur régime alimentaire. D’autres sont défenseurs des animaux tout court et savent faire la part des choses : les animaux d’élevages méritent autant leur protection que leurs compagnons à quatre pattes. Ils sont ainsi végétariens, végétaliens ou vegans. Ils bichonnent leurs animaux de compagnie, leurs chats, leurs chiens, ils leur donnent de la bonne nourriture adaptée à leur âge, leur race… Mais de quelle origine est cette bonne nourriture ? J’ai pour ma part rarement vu de chat ou de chien non carnivore ! Il faut cependant avouer que sous son joli petit emballage on en oublie la souffrance animale qui ’y cache. Et la monnaie est encore une fois tellement plus propre que le sabre du malbar.
Après ces « atroces sacrifices animaux lors de la dite Fête de Tamoul » tout le monde participe à la préparation du repas. Celui-ci sera partagé avec tout ceux qui le souhaitent, le pauvre, le riche, le pratiquant, le non-pratiquant, le SDF du coin, le patron de l’entreprise d’à côté… N’importe qui est libre de venir et on ne lui demande aucune contre-partie. Votre identité, le montant de votre compte en banque, le nombre de voitures dans votre garage ni même le nombre d’années que vous avez passées à tenter de survivre dans la rue n’entre en considération. C’est avec joie que le malbar servira d’abord les autres, il donnera même de la nourriture dans des barquettes à ceux qui le veulent avant de manger lui-même et il s’agit là de l’exercice le plus épuré du dharma – « le devoir de la pratique de l’amour accompli dans l’amour » – qui s’apparente à de la charité mais vis-à-vis de n’importe qui, pas que des nécessiteux. À table, tous sont égaux. Les gens n’y sont pas répartis selon de quelconques catégories : ils s’assoient là où il y a de la place et rencontrent ainsi de nouvelles personnes. C’est dans une grande convivialité et fraternité que se déroule ce repas.
Voyez-vous, mesdames et messieurs les détracteurs, autour de cette table sont réunies les valeurs de la République. Nous qui mériterions « 2 ans de prison et 30 000€ d’amende » ainsi que votre mépris le plus profond – qui semble d’ailleurs déjà acquis –, nous vivons réellement et sans artifice ces valeurs : liberté, égalité, fraternité.
RAMAYE Abel Michel
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