C’est la dernière trouvaille de génie de l’administration indienne. Pour protéger le mariage, le gouvernement veut contraindre les sites matrimoniaux à s’assurer que leurs utilisateurs ont vraiment l’intention de convoler en justes noces, pas seulement de butiner, de faire de fausses promesses ou de se désister au dernier moment. Et pour cela, il a recours à son arme favorite : les certificats et les photocopies.
Selon de nouvelles règles, approuvées le 2 juin par le ministère des technologies de l’information, les sites Web seront désormais tenus de réclamer une copie de la pièce d’identité de leurs utilisateurs (l’administration tolérera les scanners), et une attestation prouvant leur bonne foi. Le site devra également conserver toutes leurs adresses IP. Avec 10 millions d’inscriptions chaque année, les équivalents indiens de Meetic pourraient se transformer en immenses espaces de stockage.
Internet, nouvel entremetteur matrimonial
Le mariage arrangé, déjà une valeur sûre dans le pays, a pris une nouvelle dimension depuis que la passion indienne pour l’algorithme s’est mise au service du bonheur conjugal. Auparavant, c’était l’oncle, la tante ou les cousins qui faisaient circuler les photos des jeunes prétendants de leur connaissance, pour trouver la meilleure combinaison possible. Mais avec l’accélération de la mobilité, les castes et communautés ne vivent plus au même endroit, les liens se sont distendus et les parents ont davantage de difficultés à jouer leur rôle d’entremetteurs. Il n’y a guère qu’Internet pour offrir un large choix de candidats appartenant à la même caste.
Tandis que nos sites de rencontres proposent de mettre en lien, disons, deux amateurs d’opéra et de tartare de saumon bodybuildés, leurs équivalents indiens ont eux aussi toute une série de critères pour trouver l’âme sœur : la couleur de la peau, la communauté d’appartenance, le régime alimentaire ou le niveau de diplôme. Celui ou celle qui remporte le maximum de suffrages a généralement le teint clair, est ingénieur, médecin ou avocat, et vit aux Etats-Unis. En un clic, une rencontre virtuelle entre deux aspirants au mariage séparés de plusieurs milliers de kilomètres est possible.
L’attrait de la dot
Sauf que les fraudes sont fréquentes. Les utilisateurs mentent sur leur profession, leur salaire, leur statut marital ou leurs intentions. Certains ont beau recruter des détectives privés pour enquêter sur les déclarations de leur potentiel futur époux (ou épouse), la méthode est coûteuse et pas entièrement fiable. D’où la démarche des autorités indiennes. Peut-être feraient-elles mieux de s’interroger sur l’obsession nationale du mariage à tout prix.
Au Pendjab, dans le nord de l’Inde, une Américaine avait promis de se marier à une dizaine d’hommes. Elle a récolté des acomptes sur les dots à venir, en leur promettant de les épouser quelques semaines plus tard aux Etats-Unis, avant de disparaître. Car, sur le marché matrimonial, une femme a exceptionnellement plus de valeur qu’un homme si elle est née aux Etats-Unis et lui en Inde.
Rien n’arrête la bureaucratie indienne. Pourtant, les dernières tentatives du gouvernement pour réguler Internet sont mitigées. En 2015, l’administration voulait censurer l’accès à tous les sites pornographiques de la planète. Mais les fonctionnaires chargés du recensement avaient commis quelques erreurs d’appréciation, comme d’inclure le site du quotidien régional Le Dauphiné libéré dans la liste des sites classés X. Il avait finalement fait marche arrière. D’autres réformes ne seraient-elles pas plus urgentes pour protéger le bonheur conjugal des Indiens ? Les féministes réclament par exemple depuis des années que le viol entre époux soit sanctionné par la loi.
Selon de nouvelles règles, approuvées le 2 juin par le ministère des technologies de l’information, les sites Web seront désormais tenus de réclamer une copie de la pièce d’identité de leurs utilisateurs (l’administration tolérera les scanners), et une attestation prouvant leur bonne foi. Le site devra également conserver toutes leurs adresses IP. Avec 10 millions d’inscriptions chaque année, les équivalents indiens de Meetic pourraient se transformer en immenses espaces de stockage.
Internet, nouvel entremetteur matrimonial
Le mariage arrangé, déjà une valeur sûre dans le pays, a pris une nouvelle dimension depuis que la passion indienne pour l’algorithme s’est mise au service du bonheur conjugal. Auparavant, c’était l’oncle, la tante ou les cousins qui faisaient circuler les photos des jeunes prétendants de leur connaissance, pour trouver la meilleure combinaison possible. Mais avec l’accélération de la mobilité, les castes et communautés ne vivent plus au même endroit, les liens se sont distendus et les parents ont davantage de difficultés à jouer leur rôle d’entremetteurs. Il n’y a guère qu’Internet pour offrir un large choix de candidats appartenant à la même caste.
Tandis que nos sites de rencontres proposent de mettre en lien, disons, deux amateurs d’opéra et de tartare de saumon bodybuildés, leurs équivalents indiens ont eux aussi toute une série de critères pour trouver l’âme sœur : la couleur de la peau, la communauté d’appartenance, le régime alimentaire ou le niveau de diplôme. Celui ou celle qui remporte le maximum de suffrages a généralement le teint clair, est ingénieur, médecin ou avocat, et vit aux Etats-Unis. En un clic, une rencontre virtuelle entre deux aspirants au mariage séparés de plusieurs milliers de kilomètres est possible.
L’attrait de la dot
Sauf que les fraudes sont fréquentes. Les utilisateurs mentent sur leur profession, leur salaire, leur statut marital ou leurs intentions. Certains ont beau recruter des détectives privés pour enquêter sur les déclarations de leur potentiel futur époux (ou épouse), la méthode est coûteuse et pas entièrement fiable. D’où la démarche des autorités indiennes. Peut-être feraient-elles mieux de s’interroger sur l’obsession nationale du mariage à tout prix.
Au Pendjab, dans le nord de l’Inde, une Américaine avait promis de se marier à une dizaine d’hommes. Elle a récolté des acomptes sur les dots à venir, en leur promettant de les épouser quelques semaines plus tard aux Etats-Unis, avant de disparaître. Car, sur le marché matrimonial, une femme a exceptionnellement plus de valeur qu’un homme si elle est née aux Etats-Unis et lui en Inde.
Rien n’arrête la bureaucratie indienne. Pourtant, les dernières tentatives du gouvernement pour réguler Internet sont mitigées. En 2015, l’administration voulait censurer l’accès à tous les sites pornographiques de la planète. Mais les fonctionnaires chargés du recensement avaient commis quelques erreurs d’appréciation, comme d’inclure le site du quotidien régional Le Dauphiné libéré dans la liste des sites classés X. Il avait finalement fait marche arrière. D’autres réformes ne seraient-elles pas plus urgentes pour protéger le bonheur conjugal des Indiens ? Les féministes réclament par exemple depuis des années que le viol entre époux soit sanctionné par la loi.